Bonne question… Voici quelques pistes. Tout d’abord, qu’est-ce qu’une politique de sécurité informatique résiliente ? C’est un ensemble de procédures et de mesures conçues pour garantir la capacité d’une organisation à anticiper les cybermenaces et à récupérer rapidement en cas d’attaque. Prévention, détection et réaction sont les bases d’une posture de sécurité résiliente réussie.
Quelles sont les actions concrètes que vous pourriez mener pour la mise en place d’une posture de cybersécurité résiliente ?
1- Connaitre les éléments critiques de votre SI
Il s’agit d’identifier les actifs critiques, les données sensibles, les vulnérabilités et les systèmes essentiels présents sur votre SI. Cela sert de base pour élaborer une politique de sécurité appropriée.
Il sera ensuite plus facile de développer les postures de sécurité détaillées adéquates couvrant divers aspects, tels que l’utilisation de solutions de sécurité, la sauvegarde des données, la sécurité des accès, etc.
Par exemple, prenons le cas des actifs informatiques, il est essentiel de garder tous les logiciels, systèmes d’exploitation et applications à jour en appliquant régulièrement les correctifs de sécurité. L’enjeu est de taille, car les vulnérabilités non corrigées peuvent être exploitées par les cybercriminels.
Établir une politique de mise à jour permettra d’appliquer de manière systématique les corrections et les configurations appropriées. Ainsi, vous empêchez les cybercriminels d’exploiter des failles connues pour pénétrer votre réseau.
2- Utiliser des solutions de sécurité recommandées
Ce sont elles aussi une composante essentielle d’une politique de sécurité informatique résiliente. Elles offrent une protection proactive contre les menaces, contribuent à la détection précoce des attaques, renforcent la sécurité des données, réduisent les vulnérabilités et favorisent la conformité aux réglementations.
Les 4 solutions de cybersécurité indispensables à votre politique de sécurité :
Anti-malware
Version moderne des antivirus, les anti-malwares effectuent une analyse plus approfondie des systèmes. Ils recherchent de manière proactive toutes sortes de logiciels malveillants en plus des virus (rootkits, ransomwares, spywares, chevaux de Troie, exploits) et suppriment les fichiers et les processus dangereux. Ils se basent sur l’analyse heuristique pour identifier des comportements suspects ou des modèles de code malveillant.
Pare-feux
Les pare-feux protègent votre SI contre les tentatives d’attaques et d’accès non autorisés en surveillant les paquets de données qui circulent sur le réseau. Ils agissent comme une barrière entre un réseau privé d’entreprise et un réseau Internet. Ils filtrent le trafic en fonction de critères tels que les adresses IP, les ports, les protocoles, etc.
Les règles de pare-feux sont classées en règles entrantes et sortantes. Elles sont généralement basées sur la politique de sécurité de l’entreprise et peuvent être configurées pour autoriser ou bloquer des services spécifiques.
Certains pare-feux intègrent des fonctionnalités de détection d’intrusions (IDS) pour identifier les comportements suspects ou les attaques en cours. Ils génèrent des alertes en cas de détection d’intrusions.
Même si les pare-feux ne sont pas nécessairement conçus pour effectuer un filtrage approfondi du contenu Web, ils peuvent tout de même bloquer l’accès à des sites Internet spécifiques en fonction de règles de sécurité.
Filtrage Web
Les outils de filtrage Web permettent de contrôler et de gérer l’accès des utilisateurs à Internet. Quel est l’enjeu ? Protéger votre réseau de sites malveillants, illégaux ou indésirables. Par quel moyen ? En contrôlant l’accès à Internet grâce à la configuration de politiques et de filtres.
En bref, ils jouent le rôle de passerelle entre Internet et vos systèmes et données, empêchant la propagation de logiciels malveillants, de botnets ou d’attaques de phishing sur n’importe quel port, protocole ou application.
Mais comment ça se passe ? Un outil de filtrage Web s’appuie sur une base de données d’URLS constamment mise à jour lui permettant de reconnaître des sites à risque. En temps normal, lorsqu’un utilisateur tape une URL dans son navigateur Web, la requête est envoyée vers un serveur DNS. Dans notre cas, cette requête sera dirigée vers la base de données d’URLs à la place de votre DNS standard. Si le domaine concerné est classé comme illicite (CnC, Phishing, Malware, etc.), alors la requête DNS est bloquée. Et votre utilisateur recevra un message de « fin de non-recevoir » !
Outils de surveillance et détection des menaces en temps réel
Ce sont les solutions de cybersécurité conçues pour surveiller en permanence le trafic réseau, les systèmes, les applications et les activités des utilisateurs à la recherche de comportements suspects ou d’anomalies. Leur objectif est de détecter rapidement les menaces potentielles, de générer des alertes et apporter une réponse automatisée aux risques de sécurité.
Parmi elles, il existe deux solutions que vous devez absolument connaitre :
Solutions EDR (Endpoint Detection and Response)
Les solutions EDR se concentrent sur la surveillance des équipements, tels que les ordinateurs, les serveurs et les appareils mobiles. Elles collectent des données détaillées sur leurs activités, analysent les comportements anormaux et les indicateurs de compromission.
Lorsqu’une menace est détectée, l’EDR prend des mesures pour y faire face. Cela peut inclure l’isolation du terminal infecté, la suppression du malware, le blocage des attaques en cours et la notification des équipes de sécurité pour une enquête plus approfondie.
Solutions XDR (Extended Detection and Response)
Les solutions XDR vont au-delà des terminaux pour surveiller l’ensemble de l’infrastructure informatique, y compris les réseaux, les serveurs, les applications cloud, les emails, etc. Elles collectent et corrèlent des données provenant de ces différentes sources pour une visibilité plus globale et unifiée des menaces. Les solutions XDR s’appuient sur des analyses avancées et de l’intelligence artificielle pour identifier des indicateurs de compromission à travers différents vecteurs d’attaque.
Quels sont les points forts des solutions XDR ? Elles offrent :
- une prévention automatique des menaces,
- une détection accrue des attaques furtives,
- une investigation rapide et simplifiée sur un incident détecté,
- une réponse coordonnée et automatisée.
3- Sauvegarde régulière des données essentielles
C’est une pratique cruciale en matière de gestion de la sécurité informatique et de continuité des activités. Ne la négligez pas ! Elle peut vous sauver la vie dans bien des cas.
En quoi consistent les sauvegardes de données ? Essentiellement à créer des copies de vos données critiques.
En cas de défaillance matérielle, d’erreur humaine, de vol, de logiciel malveillant ou de catastrophe naturelle, les sauvegardes garantissent que vous disposez de copies intactes de vos données essentielles. Vous évitez ainsi une perte irrémédiable et de lourds impacts sur la pérennité de votre activité.
Voici un conseil rien que pour vous ! Lors d’une cyberattaque par ransomware, les données sauvegardées en local peuvent elles aussi être compromises. Pour pallier ce risque, il est recommandé d’effectuer, en parallèle de celles-ci, des sauvegardes hors site ou « à froid » sur des serveurs totalement indépendants de votre réseau d’entreprise. Ainsi, vous vous assurez la restauration rapide de vos données vitales et la reprise de vos opérations normales !
Une petite piqûre de rappel, au cas où ! Il est important d’établir un calendrier de sauvegarde régulier. Et pas uniquement quand vous avez un moment de libre. Les fréquences peuvent bien entendu varier en fonction de la criticité des données (quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle). Mieux ! Pourquoi ne pas automatiser le processus autant que possible pour garantir son exécution de manière cohérente ?
Après chaque sauvegarde, jetez un œil pour vérifier que les données sauvegardées sont récupérables et intègres. Des tests de restauration réguliers vont aussi vous assurer que votre protocole de sauvegarde fonctionne correctement.
4- La sécurisation des comptes utilisateur
Un vrai casse-tête ! Et pourtant, les mots de passe faibles ou partagés augmentent les risques de compromission de comptes, de fuites de données et d’attaques de cybercriminels.
À quel point ce mot de passe me protège-t-il ? Voilà une question que chacun doit se poser à chaque fois qu’il crée un mot de passe.
Pour cette raison, maintenir une gestion efficace des mots de passe en entreprise passe par plusieurs gestes simples :
Complexifier les mots de passe
Préconisez des mots de passe de 12 caractères minimum, utilisant des majuscules, minuscules, chiffres et caractères spéciaux.
Une astuce consiste à créer une phrase, en prendre les x premières lettres et à y glisser des chiffres et des caractères spéciaux (un e peut-être remplacé par un signe € par exemple).
Exiger des mises à jour régulières
Demandez aux employés de changer de mot de passe à intervalles réguliers (tous les 30 jours par exemple) pour réduire les risques liés aux mots de passe statiques.
Interdire la divulgation de mots de passe
Faites comprendre à vos employés qu’il est strictement interdit de partager des mots de passe, même en cas d’absence d’un collègue. Cette pratique doit être évitée à tout prix.
Utiliser l’authentification à deux facteurs (2 FA)
Encouragez l’utilisation de l’authentification à deux facteurs chaque fois que cela est possible à travers une question supplémentaire par exemple ou tout autre dispositif à votre disposition.
Créer un mot de passe unique
Il est fortement recommandé de ne pas utiliser le même mot de passe pour se connecter à tous vos sites Web ou applications préférés. En cas de problème, un seul domaine est touché.
Gérer vos mots de passe
La gestion de nombreux mots de passe peut être complexe. Évitez de les noter en clair dans votre PC, privilégiez un gestionnaire de mots de passe sécurisé comme KeePass pour les stocker de manière sûre.
5- Veiller à la sensibilisation continue des employés
Votre équipe représente la première ligne de défense contre les cyberattaques ! C’est pour cela qu’il est important de sensibiliser vos employés aux menaces de sécurité éventuelles. Ils pourront mieux se protéger s’ils apprennent à reconnaître les signes d’une attaque imminente et réagir correctement en cas d’incident.
Les bonnes pratiques en matière de sécurité
Avoir les bons réflexes en cas d’attaques peut sauver l’intégrité de vos données confidentielles ! Prenons un thème d’actualité pour vous et vos collaborateurs : la messagerie. Si un utilisateur vient à cliquer sur un email malveillant, il fait sauter d’un coup toutes les couches de protection existantes. Et cela, quel que soit le niveau de protection technique déployé sur votre SI.
Quelles sont les quelques actions simples à retenir ?
- Vérifier la provenance des emails : il est recommandé de se méfier de tout email non sollicité. Il faut toujours vérifier l’adresse de l’expéditeur avant de cliquer ou d’ouvrir quoi que ce soit. En cas de doute, le mieux est de prévenir le service informatique.
- Ne pas partager d’informations sensibles : il est important de ne jamais communiquer de données personnelles, financières ou confidentielles par email, à moins d’être certain de l’identité de l’expéditeur. Les cyberescrocs utilisent souvent des tactiques d’ingénierie sociale pour obtenir ces informations.
- Se méfier des demandes d’authentification : ne jamais cliquer sur les liens à l’intérieur d’emails, de demande d’informations de connexion, de changement de mot de passe, ou de validation de son identité par email, surtout s’ils ne semblent pas sûrs. À la place, il est préférable de taper directement l’URL du site Web concerné dans votre navigateur.
- Détecter les tentatives de phishing : il faut rester attentif aux signaux d’alerte, tels que les fautes d’orthographe ou de grammaire, les adresses email suspectes et les demandes inhabituelles.
La formation à la détection des menaces
Imposer des directives à vos collaborateurs sans en expliquer la raison s’avère souvent contre-productif. C’est là que la formation intervient ! Cependant, elle ne peut être une démarche occasionnelle. Pour que les messages soient retenus, ils doivent être répétés.
Planifiez dans ce sens des sessions de formation continue pour maintenir la sensibilisation des employés et les informer sur les nouvelles menaces.
Plusieurs types de formations peuvent être proposées selon que vous vouliez :
- Sensibiliser vos collaborateurs : proposez par exemple des micromodules d’e-learning pour leur faire passer les messages clés en quelques minutes et les entraîner à travers des petits jeux.
- Augmenter leur cyberculture : offrez des formations en ligne interactives qui permettent aux employés de suivre les cours à leur propre rythme, poser des questions et accéder facilement aux ressources de formation.
- Tester leur connaissance : appuyez-vous sur des mises en situation. Organisez des simulations d’attaques de phishing, par exemple, pour tester la capacité de vos collaborateurs à reconnaître les emails frauduleux.
6- Préparer un plan de réponse aux incidents
Dans tous les cas, personne n’est à l’abri d’une attaque ! Et quand cela arrive, un plan de réponse aux incidents est essentiel. Il vise à réagir rapidement et efficacement pour atténuer les impacts d’une violation de sécurité ou d’une cyberattaque.
Pourquoi un plan de réponse aux incidents est-il important ? :
- Réduction des dégâts : il permet de contrer ou minimiser les dommages potentiels en identifiant rapidement l’incident et en mettant en œuvre des mesures correctives.
- Sécurité accrue : un plan de réponse aux incidents renforce la sécurité en garantissant que l’entreprise est préparée à faire face à des menaces et à des vulnérabilités connues.
- Réduction des temps d’arrêt : il permet à votre entreprise de reprendre ses activités normales plus rapidement.
Comment mettre en place un plan de réponse aux incidents dans votre PME ?
Vous pouvez tout d’abord évaluer les impacts potentiels des incidents et les classer en fonction de leur gravité. Ensuite, plusieurs autres actions doivent être mises en œuvre comme :
- Nommer une équipe dédiée : il s’agit de former une équipe de réponse aux incidents qui comprend des membres de vos services informatiques, sécurité et communication.
- Développer le plan d’incident : détaillez les procédures en incluant les étapes à suivre pour l’identification, la classification, la résolution et la communication de l’incident.
- Effectuer des tests et simulations : planifiez-les de manière régulière pour vous assurer que le plan fonctionne en pratique et dans la durée. Identifiez les lacunes éventuelles et apportez les améliorations nécessaires.
- Établir un plan de communication : en cas d’incident majeur, établissez des procédures de communication avec les parties externes (autorités locales, clients, partenaires et médias).
- Gérer les journaux d’incidents : mettez en place une gestion appropriée des journaux d’incidents pour documenter les événements et les actions prises.
- Opter pour l’amélioration continue : révisez régulièrement le plan de réponse aux incidents pour l’adapter aux évolutions technologiques et aux menaces émergentes.